Dans le dédale des ruelles du Vieux-Nice, à 300 mètres de la mairie, un curieux distributeur automatique s’est implanté depuis quelques temps.
Loin des boissons ou petites gourmandises habituelles, cet automate, installé par la chaîne Streetshop, propose à la vente en libre-service du CBD, un « cannabis light » et légal.
Sombre et métallique, au look des années 2000, le « robot » détonne dans le quartier.
À deux pas de là, Basile, commerçant et consommateur de cannabidiol n’est pas très convaincu pas cette borne. D’après lui, les recommandations d’un commerçant bien informé sont nécessaires avant d’acheter ce type de produit.
« Cela reste assez spécifique, c’est mieux de se faire conseiller pour savoir où l’on met les pieds » nous explique-t-il.
Un autre vendeur acquiesce : « même si c’est légal, il y a tout de même des choses à savoir pour ne pas faire n’importe quoi ».
« Le milieu du CBD, c’est plein de petits virages pour être toujours en accord avec la justice. Parfois, ça frôle les limites ».
Et pour les mineurs?
Sur la borne, un petit autocollant affiche l’inscription suivante : « En touchant cet écran, je certifie avoir plus de 18 ans« . Et c’est tout?
Au téléphone, le service client de Streetshop nous assure que « ce n’est pas seulement un distributeur de boissons, le tout est réglementé : avant d’acheter, il faut s’identifier avec son compte client directement crée sur le site ».
Nous avons voulu nous inscrire: la mention d’une date de naissance est apparue comme optionnelle.
De plus, il est possible de commander des produits en passant par un compte « invité », sans renseigner de données personnelles…
À titre d’exemple, nous avons tenté d’acheter des fleurs de cannabidiol sur le site de Streetshop, en renseignant la date de naissance d’une personne mineure, née en 2008.
Jusqu’à la validation de notre panier, aucun message d’erreur ou d’avertissement ne nous a été envoyé.
La société concernée ne nous a pas fourni de réponse sur ce point.
Par ailleurs, la borne automatique fonctionne grâce au paiement sans contact. Un enfant n’aurait aucun mal à acheter ce qu’il veut en y apposant la CB de ses parents, sans même en connaître le code.
Au bout du fil, la société insiste. » Les personnes mineures ne possèdent pas de carte bancaires VISA ou Mastercard donc elles ne peuvent pas acheter sur la borne ou en ligne « .
« On évite le plus possible de vendre à des personnes mineures, mais on ne peut pas tout voir » complète-t-elle.
Si le marché du CBD est aussi souple, c’est sûrement parce que, contrairement au vrai cannabis, il n’a pas d’effet addictif. On lui prête des vertus apaisantes, même s’il y a un vif débat de spécialistes sur le sujet.
Pour autant, même si la législation française autorise la vente de ces produits, leur accès reste illégal pour les enfants.