Plusieurs acteurs réclament une expérimentation à La Réunion
L’annonce des futures expérimentations de zamal thérapeutique, par l’Autorité du médicament, n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Tous les acteurs mobilisés autour du zamal se préparent. Une première réunion a déjà eu lieu entre la Chambre d’Agriculture, l’Association Chanvre Réunion et l’Armeflhor. L’occasion de définir ensemble les détails techniques au cas où La Réunion deviendrait terre d’expérimentation. C’est d’ailleurs ce que tous ces acteurs réclament auprès du gouvernement, l’île étant une terre favorable pour y faire pousser du zamal.
L’Autorité du médicament l’a annoncé récemment : elle se penche sérieusement sur une expérimentation du cannabis thérapeutique d’ici 2020. Même si l’institution attend encore le feu du ministère de la Santé, tout porte à croire que l’année prochaine, plusieurs départements français accueilleront ces phases de tests. Et les acteurs mobilisés sur l’île sont les premiers à réclamer une expérimentation ici.
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« Pour l’instant, la Réunion n’apparaît pas dans les départements retenus pour ces tests », explique Olivier Fontaine, secrétaire général de la Chambre d’Agriculture. « C’est dommage, car tout serait prêt pour lancer ces expérimentations sur l’île. »
Lors d’une réunion qui s’est tenue ce mercredi 3 juillet, la Chambre d’Agriculture a défini plusieurs axes techniques en compagnie de l’Armeflhor et l’Association Chanvre Réunion. Ensemble, ils ont travaillé « sur la conception d’un projet technique et professionnel relatif à une potentielle filière chanvre à La Réunion ».
Des questions très techniques
Pour un projet pour l’instant hypothétique, les points abordés durant cette réunion se sont avérés assez techniques : quelle variété cultiver, sous serre ou dans les champs, quelles surfaces sont disponibles, comment s’adapter au climat…
« Dans le cas du zamal thérapeutique, on ne travaille plus sur la graine ou la fibre, mais sur la fleur de cannabis », explique Benjamin Coudriet, président de l’Association Chanvre Réunion. Pour lui le développement du zamal, au moins thérapeutique dans un premier temps, représenterait « un modèle fort alors qu’on l’on est en pleine rotation de cultures ». De là à remplacer la canne, il n’y croit pas, mais la culture de zamal pourrait engranger des ressources économiques importantes.
Autre point important selon lui : « c’est une plante qui ne nécessite aucun herbicide ». Une bonne nouvelle, alors que La Réunion est le deuxième plus gros département utilisateur de glyphosate en France.
Un futur terrain d’expérimentation ?
Objectif partagé par tous ces acteurs : La Réunion doit être un terrain d’expérimentation. Jusqu’ici l’île abrite déjà des champs « tests » pour cultiver des espèces de cannabis non psychotropes, et qui ne sont donc pas soumises au contrôle des autorités. Benjamin Coudriet l’affirme d’ailleurs : « la France est le plus gros producteur de chanvre industriel ». Du cannabis destiné aux cosmétiques, au textile ou encore à la construction. En tout on dénombre 16.000 hectares dédiés au chanvre industriel en France. Et son intérêt économique n’est plus à prouver.
Raison de plus pour l’Association Chanvre Réunion pour se lancer dans ces tests de zamal thérapeutique. « Sur la partie production, on pourrait vraiment se positionner comme étant un terrain intéressant. Nous sommes la seule région française qui possède cette variété de cannabis qu’on appelle zamal. »
Les conditions de cultures ici pourraient être intéressantes. « On peut envisager de hauts rendements, des créations d’emplois, de nouvelles formations… sur tous les plans ça peut être enrichissant », ajoute Benjamin Coudriet.
Maintenant, il faut un plan. Et ce plan doit être accepté par les ministères des Outre-mer, de l’Agriculture et de la Santé. « Nous prévoyons une nouvelle réunion à la fin du mois de juillet », nous informe Olivier Fontaine de la Chambre d’Agriculture. En tant qu’interlocuteur privilégié entre le monde agricole réunionnais et les services publics, il assume totalement réclamer lui aussi une expérimentation du zamal thérapeutique sur l’île. « Les questions sont sur la table, nous verrons bien ce que cela donne. »
Source : ipreunion.com